MESSE DES DÉFUNTS 2020

Sagesse 2,23 ; 3,1-6.9 et Évangile de Pâques

            Frères et sœurs,

J’ai choisi de vous faire entendre l’Évangile du matin de Pâques, ce soir, pour mettre au cœur de notre liturgie l’annonce centrale de notre Foi, l’annonce qui la rend forte et inébranlable … pour rappeler en nos cœurs ce qui fait notre Espérance !

Chaque année, nous célébrons cette messe à la mémoire et pour le repos de l’âme de nos défunts.

Depuis des années, nous étions habitués à vivre cette mémoire paisiblement et même parfois avec un certain détachement vis-à-vis de la mort, lorsque nous n’y étions pas confrontés de près. Notre société occidentale avait glissé, peu à peu, vers une occultation de la mort, rendue la plus discrète et légère possible…

Or, voici que, depuis quelques mois, nous sommes confrontés à la question de la mort, qui a fait irruption dans notre quotidien de manière inattendue, d’abord par l’épidémie de Coronavirus, et maintenant par les attentats islamistes. Si bien que nous ne pouvons plus écouter des informations, ouvrir un journal ou nous connecter sur les réseaux sociaux, sans être immédiatement submergés de chiffres, de recommandations, d’analyses et d’images qui nous parlent de la mort.

Cette journée de commémoration et de prière pour les défunts nous interpelle, comme disciples du Christ ressuscité, sur notre manière de vivre cette période troublée.

La mort, qu’elle soit violente à cause d’un meurtre ou d’un accident, qu’elle soit prématurée à cause de la maladie, ou même qu’elle soit une délivrance après une longue agonie, … la mort d’un être cher nous atteint profondément dans notre humanité fragile et sensible… La douleur nous saisit et peut nous détruire, si nous n’avons pas d’Espérance.

Dans la Bible, au Livre des Lamentations, nous lisons ces paroles qui sont vraiment pour nous aujourd’hui, je crois :

« La paix a déserté mon âme, et j’ai dit : toute mon assurance a disparu avec l’espoir qui me venait du Seigneur ….. Mais voici que je rappelle en mon cœur ce qui fait mon Espérance : les bontés du Seigneur ne sont pas épuisées, ses miséricordes ne sont pas finies, elles se renouvellent chaque matin car sa fidélité est inlassable …Je me dis : le Seigneur est mon partage, c’est pourquoi j’espère en Lui ! ».

« Je rappelle en mon cœur ce qui fait mon Espérance … » Voilà ce que nous pouvons faire en ces heures sombres pour trouver la force et le courage de persévérer et de combattre.

Le combat spirituel est très certainement plus intense en ce moment, les tentations sont nombreuses : colère, haine, désespoir, dégoût, repli sur soi, doute, peut-être pire encore…

Notre Foi est éprouvée comme l’or au creuset. Il est bien loin le temps de la pratique sociologique ou de tradition ; désormais, la Foi ne peut être qu’un véritable attachement à la personne du Christ qui nous implique fortement…

Saint Paul écrit dans la lettre aux Romains : «Il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire que Dieu va bientôt révéler en nous ». « La création tout entière crie sa souffrance, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore … Et, nous aussi, nous crions en nous-mêmes notre souffrance… »

Oui, la croix est une réalité à laquelle le Christ lui-même n’a pas voulu échapper. Elle est aussi présente dans la vie de ses disciples, alors que nous menons le combat contre le mal qui nous assaille, dehors et à l’intérieur de nous-mêmes. Un combat parfois violent que nous menons avec les armes de la Foi, de l’Espérance et de la Charité.

Saint Paul écrit, aussi, dans la même lettre : « Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? La détresse ? L’angoisse ? La persécution ? La faim ? Le dénuement ? Le danger ? Le supplice ? …Non car en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés…. Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, qui est en Jésus Christ, notre Seigneur »

« Oui …. Je rappelle en mon cœur ce qui fait mon Espérance … »

Jamais, nous n’aurions pu imaginer qu’un jour, en France, nous risquerions notre vie pour aller à la messe, que nous serions persécutés à la suite de nos frères et sœurs du Moyen-Orient, et que notre Foi solliciterait notre courage… !

Hier matin, Monseigneur CARRÉ nous invitait à méditer la lettre de Saint Pierre pour y puiser Force et Espérance, car elle s’adresse à une communauté persécutée, et dans l’épreuve.

Je termine en citant les derniers mots de cette Lettre :

« Le Dieu de toute grâce, qui vous a appelés à sa gloire éternelle en Christ, vous établira lui-même, après que vous aurez souffert un peu de temps ; il vous affermira, vous fortifiera, vous rendra inébranlables !

A lui, la domination pour les siècles des siècles ! Amen. »